« I
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l est parfois étrange de se dire
que l’on ne reverra plus quelqu’un. Dans ces moments, on repense
systématiquement à certaines choses. Les derniers instants passés avec lui, les
derniers mots que l’on lui a adressé, ce que l’on aurait pu faire pour le sauver
de cette fin atroce.
Le chagrin m’avait figé sur
place. Couché le long du rivage, je ne faisais que repenser à mon frère, mort
de ma faute. Jamais je n’avais connu aussi douloureuse sensation. Je ne savais
rien dire, aucun son ne sortait de ma bouche et je ne pouvais bouger le moindre
de mes membres. Mais intérieurement, je hurlais à la mort, implorais les dieux
de me donner la chance de me réveiller de ce cauchemar funeste.
Soudain, j’entendis un bruit de
pas. Puis un autre, et bientôt une série plus rapide. Quelqu’un courait dans ma
direction, de toute évidence. Mais pas une seconde je n’ai levé la tête, me
laissant aller à mon sort, comme une feuille morte s’envole au vent d’hiver
pour ne jamais revenir.
Par contre, c’est la droite que
Sam me colla qui me sortit de mon état de transe. A peine ais-je eu le temps de
réaliser ce qui m’arrivais que je m’étais déjà élancé sur lui en essayant de le
frapper au visage. Mais il était bien plus âgé et plus fort que moi. Aussi lui
fallut-il à peine quelques secondes pour me plaquer au sol, dos à lui.
-Tu te calmes maintenant ! fit-il
de sa voix portante. Ok ?
Réalisant enfin l’ampleur de la
situation dans laquelle je me trouvais et n’ayant d’autre choix que de lui
accorder cela, je m’exécutai. Nous nous sommes alors levés.
Il faisait sombre et la nuit
avait du tomber depuis un bon moment. J’étais probablement resté inconscient
pendant quelques instants car je me rappelait encore très bien du ciel au
soleil couchant qui nous surplombait mon frère et moi. A ces pensées, j’eus
grand mal à retenir mes larmes. Et pour ne rien arranger, ma main gauche, à
présent balafrée, me faisait atrocement souffrir et saignait de plus en plus.
Ce que Sam n’a pas oublié de remarquer, bien sur.
Posant une main sur mon épaule,
il me guida vers un arbre dos auquel je m'appuyai. Il s’agenouilla près de moi
et m’improvisa un bandage de fortune. Ensuite, il attendit quelques minutes
avant de me demander ce qu’il s'était passé ici.
Je n’eus d’autre choix que de
tout lui raconter, sans omettre aucun détail.
A la fin de mon récit, Sam resta
muet. Encore sous le choc ou repassant en revue les événements dans sa tête, je
ne saurais le dire. Mais si son calme était si considéré, c’était sans doute
afin de ne me rendre la chose que plus facile à accepter. Il faisait de son
mieux pour rendre la situation moins douloureuse, pour éviter que cela ne
prenne une tournure plus dramatique encore. Pour éviter que cela ne devienne
incontrôlable. Malheureusement, il créa l’effet inverse, et ce sont les
premiers mots qu’il adressa qui me lancèrent dans toute cette galère :
-Et si il était toujours vivant ? »
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