[Brother like you] chapitre 3: Et si...

« I
l est parfois étrange de se dire que l’on ne reverra plus quelqu’un. Dans ces moments, on repense systématiquement à certaines choses. Les derniers instants passés avec lui, les derniers mots que l’on lui a adressé, ce que l’on aurait pu faire pour le sauver de cette fin atroce.

Le chagrin m’avait figé sur place. Couché le long du rivage, je ne faisais que repenser à mon frère, mort de ma faute. Jamais je n’avais connu aussi douloureuse sensation. Je ne savais rien dire, aucun son ne sortait de ma bouche et je ne pouvais bouger le moindre de mes membres. Mais intérieurement, je hurlais à la mort, implorais les dieux de me donner la chance de me réveiller de ce cauchemar funeste.

Soudain, j’entendis un bruit de pas. Puis un autre, et bientôt une série plus rapide. Quelqu’un courait dans ma direction, de toute évidence. Mais pas une seconde je n’ai levé la tête, me laissant aller à mon sort, comme une feuille morte s’envole au vent d’hiver pour ne jamais revenir.

Par contre, c’est la droite que Sam me colla qui me sortit de mon état de transe. A peine ais-je eu le temps de réaliser ce qui m’arrivais que je m’étais déjà élancé sur lui en essayant de le frapper au visage. Mais il était bien plus âgé et plus fort que moi. Aussi lui fallut-il à peine quelques secondes pour me plaquer au sol, dos à lui.

-Tu te calmes maintenant ! fit-il de sa voix portante. Ok ?

Réalisant enfin l’ampleur de la situation dans laquelle je me trouvais et n’ayant d’autre choix que de lui accorder cela, je m’exécutai. Nous nous sommes alors levés.
Il faisait sombre et la nuit avait du tomber depuis un bon moment. J’étais probablement resté inconscient pendant quelques instants car je me rappelait encore très bien du ciel au soleil couchant qui nous surplombait mon frère et moi. A ces pensées, j’eus grand mal à retenir mes larmes. Et pour ne rien arranger, ma main gauche, à présent balafrée, me faisait atrocement souffrir et saignait de plus en plus. Ce que Sam n’a pas oublié de remarquer, bien sur.

Posant une main sur mon épaule, il me guida vers un arbre dos auquel je m'appuyai. Il s’agenouilla près de moi et m’improvisa un bandage de fortune. Ensuite, il attendit quelques minutes avant de me demander ce qu’il s'était passé ici.
Je n’eus d’autre choix que de tout lui raconter, sans omettre aucun détail.

A la fin de mon récit, Sam resta muet. Encore sous le choc ou repassant en revue les événements dans sa tête, je ne saurais le dire. Mais si son calme était si considéré, c’était sans doute afin de ne me rendre la chose que plus facile à accepter. Il faisait de son mieux pour rendre la situation moins douloureuse, pour éviter que cela ne prenne une tournure plus dramatique encore. Pour éviter que cela ne devienne incontrôlable. Malheureusement, il créa l’effet inverse, et ce sont les premiers mots qu’il adressa qui me lancèrent dans toute cette galère :


-Et si il était toujours vivant ? »

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